giovedì 25 agosto 2011

Parigi. Piramide









Pyramide, un cas de 20 ans

Anniversaire. Retour sur les polémiques qui ont entouré le projet puis l'érection de l'entrée monumentale du Grand Louvre réalisé par Ieoh Ming Pei.
par VINCENDON Sibylle

Les anniversaires, ça fait remonter des souvenirs. Souvenons-nous donc. Il y a vingt ans, François Mitterrand, président de la République, inaugurait la pyramide du Louvre. Ou plutôt cette surprenante verrière et les espaces d’accueil qui sont dessous. «Le trésor de Tontonkhamon», comme titrait Libération, fut le premier des grands travaux du Président. Et c’était bien le fait du prince, sinon du pharaon.

Certes, le monument présidentiel est une constante dans l’histoire de la Ve République: Beaubourg pour Georges Pompidou, le musée d’Orsay pour Giscard et plus tard, le musée du Quai-Branly pour Jacques Chirac. Peut-être Nicolas Sarkozy, en convoquant dix équipes d’architectes pour redessiner le Grand Paris, a-t-il eu aussi derrière la tête une envie de grand projet. En tout cas, c’est bien quand il inaugurera l’exposition de leurs travaux à la Cité de l’architecture et du patrimoine mercredi, qu’il annoncera ses décisions pour réorganiser la région capitale. Du Grand Paris aux grands travaux… A cela près que le chef de l’Etat n’a pas tout à fait le profil cultivé du prince bâtisseur.

François Mitterrand l’avait. Il court-circuite tout : le ministère de la Culture de Jack Lang, la direction des musées de France, les concours d’architecture. Il charge un fonctionnaire inconnu, Emile Biasini, de piloter cette grosse barque. Et choisit l’architecte que ce dernier lui recommande : le Sino-Américain Ieoh Ming Pei. Trois personnes : c’est peu pour près d’un milliard d’euros de dépenses, vingt ans d’élaboration du Grand Louvre, des délais bien trop courts, des ennuis en pagaille et des polémiques jusqu’à plus soif.

Horreur. Souvenons-nous, c’est distrayant. En 1984, à peine le dessin de la pyramide dévoilé, ça démarre. Tête de pont de la résistance, le Figaro abrite les prises de position hostiles de ses lecteurs avec des titres évocateurs : «Inadmissible», «Grande erreur», «Pas un grand magasin». Michel Guy, ancien ministre de la Culture, sûr «qu’elle ne se fera pas», lance une association d’opposants qui publie un pamphlet intitulé : Paris mystifié, la grande illusion du Grand Louvre. Préfacé par Henri Cartier-Bresson.

Le passage en Commission supérieure des monuments historiques est une horreur. Emile Biasini décrit dans un film, la Bataille de la pyramide, comment ces messieurs profitent de l’obscurité de la projection des plans pour faire d’affreux commentaires en français devant un Pei qui ne parle qu’anglais. Au point que la traductrice se met à pleurer. Deux jours plus tard, le critique d’art du Monde André Fermigier écrit que «l’on traite la cour du Louvre en annexe de Disneyland». L’article est titré «La maison des morts». Mais le Monde n’est pas le Figaro et Fermigier s’en va.

Prurit. Pendant la tempête, le prince protège son équipe et son bébé. Les opposants ont un problème : ils font réacs. Pour les politiques, c’est embarrassant. Jacques Chirac, maire de Paris, est prudent, demande une simulation du volume de la pyramide avec des câbles puis donne son feu vert. Plus maladroit, Edouard Balladur, ministre des Finances de la première cohabitation (1986-1988), refuse le transfert de ses services du Louvre à Bercy et se réinstalle dans l’aile Richelieu à grands frais. Le ministre de la Culture de la droite, François Léotard, lutte discrètement contre ce prurit Ancien Régime, combat d’arrière-garde voué à l’échec par la réélection de Mitterrand en 1988.

La première visite des Parisiens à la pyramide, visible seulement de dehors, est une ruée. Dès lors, à chaque ouverture - du hall d’accueil, de l’aile Richelieu - c’est l’affluence. Denis Tillinac, vieil écrivain chiraquien, lâche une dernière giclée de fiel titrée «Une géométrie glaciale» dans le Figaro. Mais c’en est fini de détester la pyramide. Le Figaro magazine fête même ses 10 ans dessous. C’est dire.

Les adversaires se sont trompés de combat. Car la pyramide posait des problèmes, mais pas ceux de l’esthétique. Dès le début, l’équipe sait que hall, banques d’accueil et même vestiaires sont trop justes. Très vite, la foule crée des files qui s’entortillent dans le hall. Les contrôles de sécurité, inconnus en 1984, obligent maintenant les personnels à transpirer sous la verrière. Et il a fallu vitrer des sarcophages où l’on retrouvait des canettes de Coca.

De ces dysfonctionnements, le grand public n’a cure. Ne flotte que l’idée diffuse d’une démarche légitime. En France, le décorum est l’affaire du monarque. On le suppose éclairé mais c’est parfois risqué, cf. l’Opéra Bastille. Nicolas Sarkozy se piquera-t-il d’architecture ?

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